Pour comprendre les démarches intimes qui s’abritent sous l’appellation « sexualité », nous sommes tentés de nous plonger dans des témoignages écrits. Des livres souvent. Des blogs parfois. Ces réalités sont toutefois reconstituées. Leur authenticité peut prêter à controverse. #RescapesdelEspece

Ces exercices littéraires basés sur des expériences personnelles sont sujets à caution puisque nul ne parvient à séparer la part du témoignage et celle de la création, puisque la fiction est susceptible de contaminer le récit et d’en modifier la portée. Un processus qui se retrouve aussi dans les études de cas des sciences humaines, de la psychologie notamment. À un stade ou un autre, de manière plus ou moins forcée, le sujet examiné connaît les quelques distorsions qui lui permettent d’entrer dans la case universitaire prévue. Un exemple a été offert par le jeune sociologue Édouard Louis, qui travaille dans le sillage de Didier Eribon. Tout juste âgé de 21 ans, il raconte que le soir de Noël 2012 il aurait été agressé et violé, chez lui, par un sans-papiers algérien de dix ans son aîné avec qui il avait eu, auparavant, des relations sexuelles consenties.
Une plainte ayant été déposée avant que la scène ne devienne, quatre ans plus tard, un objet littéraire[1], le violeur présumé – qui reconnaît un vol chez un partenaire de rencontre mais nie toute violence – a été incarcéré durant onze mois. Quant à l’auteur, qui indique regretter sa plainte, il refuse à présent d’être confronté tant au magistrat instructeur qu’à l’homme qu’il accuse. Les deux universitaires, Louis et Eribon, opposent aux interrogations légitimes qui naissent de récits incompatibles, une morgue comme n’osent plus en afficher les « mecs de la haute ». Édouard Louis défend sa position en se référant à Simone de Beauvoir et en affirmant vouloir concilier « la nécessité d’une reconnaissance des violences » et une « critique de la répression, de la justice, de la prison ». Ce qui fait dire à Marie Dosé, l’avocate du sans-papiers, qu’Édouard Louis est « pris au piège » de son travail littéraire.
De fait, face à une avocate pénaliste, Édouard Louis a choisi comme conseil un avocat spécialisé en droit de l’édition, Emmanuel Pierrat, qui parmi une abondante production d’essayiste a aussi écrit sur la sexualité. Comme si, dès la mise en place de l’affrontement judiciaire, les partitions étaient réparties. Deux versions s’opposent, un peu à la manière des lettres de François Mitterrand à Anne Pingeot : un récit recomposé et rédigé et un témoignage brut, les deux visions n’ayant entre elles qu’une relation ténue. Depuis son premier livre, Eddy Bellegueule devenu Édouard Louis participe de ce concours en victimisation que j’ai dénoncé. Il se médiatise selon un schéma qui vise à conforter les thèses défendues par ses protecteurs universitaires. Comme Eribon avant lui, il s’expose en modèle du jeune prolétaire victime de l’homophobie ambiante et qui se réalise grâce aux études et à une entrée dans l’intelligentsia.
Une référence à l’historique de formation personnelle que détaille William Marx, dans Un Savoir gai[2]. Il insiste sur le fait que la culture hétérosexuelle reste et restera par nature une culture majoritaire et qu’en conséquence la découverte d’une orientation homosexuelle constitue toujours une surprise, tant pour l’intéressé que pour son entourage. Si le jeune gay ne dispose pas dans son environnement de modèles auxquels se référer, c’est dans la culture qu’il les trouvera. « La culture est sa seconde famille », explique William Marx. Elle lui permet de se construire d’abord et, dans les deux cas considérés, elle sert également d’outil de réalisation sociale.
Confrontée au viol qui lui a été dénoncé par l’auteur d’un ouvrage qui ambitionne de corroborer et d’analyser les faits, la justice doit répondre à la question : qui est la victime et qui est le bourreau ? Celui qui a subi des violences si l’acte existe ou celui qui est demeuré près d’une année en détention si le crime dénoncé est imaginaire ? L’un joue sa carrière, l’autre sa liberté. Le penchant d’Édouard Louis pour la recomposition romanesque lui avait déjà été reproché par les habitants de son village natal, Hallencourt, dans la Somme, après la parution d’En finir avec Eddy Bellegueule, ce qui avait généré une petite polémique médiatique[3]. Comme le disait Oscar Wilde : « Les enfants commencent par aimer leurs parents ; en grandissant, ils les jugent ; quelquefois, ils leur pardonnent. » L’inverse peut également se produire.
Doctorant en sociologie, spécialiste de Bourdieu, ambitionnant d’animer la scène politico-médiatique de la gauche intellectuelle en y tenant le rôle – assez convenu – du rebelle, l’auteur éprouve d’évidentes difficultés à trouver son registre exact. La mécanique judiciaire, dans laquelle il s’est lancé de manière imprudente, menace de broyer dans l’œuf son cursus. Comme Napoléon en amour, il a choisi la fuite dans l’anonymat new-yorkais afin de faire baisser la pression. Car, comme peut le confesser l’humoriste Nicolas Canteloup, mêler viol et homosexualité n’est pas sans risque. Édouard Louis comme Didier Eribon savent que la « gauche morale » ne pourrait se reconnaître dans un auteur coupable d’amoralisme. Lorsqu’on prétend à la fonction de héraut de l’émancipation des minorités opprimées, mieux vaut ne pas se placer en situation d’opposer l’une à l’autre deux figures de victime comme leur public les apprécie : l’immigré contre le gay.
Je comprends la nécessité de voir reconnue la violence subie par un jeune homme dont l’enfance a été sculptée par une agressivité familiale et des sévices en milieu scolaire, en dépit de dénégations qui ne doivent être ni plus ni moins proches du réel que le récit de l’auteur. Je peux faire la part entre l’enquête sociologique, qui est en principe la fonction universitaire d’Édouard Louis, et la reconstitution littéraire qu’il livre. Toutefois, il est aussi pris au collet de la diversité des homosexualités que j’évoquais et de la dualité de son propre comportement. Une attitude qui n’est guère différente de celle de la plupart des gays.
Il se trouve écartelé entre son refuge au sein de l’intelligentsia, qui le conduit à multiplier les gages pour y faire son trou, et une fascination permanente pour le monde trouble des nuits fauves dont parlait Cyril Collard. Il est placé face à une impasse intellectuelle, s’il entend demeurer fidèle à l’univers qu’il a choisi. Il lui est, en effet, interdit d’être l’outil de la condamnation de l’autre monde au sein duquel il a trouvé sa jouissance. Gide avait tendu la main à Wilde. Sartre, au nom de sa condamnation de l’ordre bourgeois des salauds, avait brandi Genet en étendard. Le bel Algérien – du moins j’imagine – d’Édouard Louis n’a pas le prestige intellectuel des deux autres réprouvés, mais il se doit pourtant de le protéger.
Par son accusation de viol, de manière plus fondamentale encore, Édouard Louis s’est précipité au cœur d’un autre débat qui irrigue la société française depuis la guerre d’Algérie : le statut de l’ « homme arabe ». Un Arabe qui, au demeurant, ne se distingue pas d’un Berbère. Pour retrouver l’écho des tensions de l’époque, il suffit de se remémorer le cri de rage de Pier Paolo Pasolini : « Ah, France, / la haine ! / Ah France, / la peste ! / Ah, France, / la lâcheté ! / La haine, la peste, la lâcheté / de celui qui veut, qui est maître, qui possède ! […] Gens de couleur, / l’Algérie est rendue à son histoire[4]! »
Derrière l’image qui est accolée à l’Arabe se révèlent les peurs et les haines qui suintent, dont les populismes contemporains ne sont qu’une des conséquences. L’Arabe violeur en constitue l’un des clichés. Il n’est pas dépourvu de fondements historiques puisque, entre avril et juin 1944, l’armée d’Afrique, sous les ordres du général Juin, s’est rendue coupable de nombreux viols en Ciociarie, Latium et Toscane[5]. Selon les chiffres d’un rapport du Sénat italien, plus de 2000 femmes et enfants et plus de 600 hommes ont été victimes de ce que les Italiens appellent les marocchinate, en raison de l’origine marocaine de nombre des soldats du corps expéditionnaire français.
Dans son ouvrage fondamental Mâle décolonisation[6], l’historien américain Todd Shepard consacre un chapitre au « viol comme métaphore dans les années 1970[7] ». Il revient sur les polémiques qui ont entouré, en 1975, la sortie du film d’Yves Boisset, Dupont Lajoie. Le violeur meurtrier d’une adolescente en vacances dans un camping est un beauf « gaulois », mais la foule met à mort un innocent ouvrier algérien travaillant sur un chantier proche des lieux du drame.
Les positionnements des « maîtres à penser » que nous avons déjà croisés au fil de ce blog se sont illustrés à cette occasion. De Jean-Claude Michéa voyant dans le film « l’acte de naissance d’une nouvelle gauche, dont le mépris des classes populaires, jusque-là assez bien maîtrisé, pourra désormais s’afficher sans le moindre complexe », jusqu’à l’incontournable Éric Zemmour[8] prenant lui aussi la défense du « prolétaire blanc » présenté par la gauche morale et ce qu’il est convenu de nommer l’intelligentsia et les médias mainstream comme « impuissant face à la virilité “ostentatoire” des concurrents noirs et arabes dans la séduction des jeunes femmes blanches ». Un schéma qui prolonge celui développé par Patrick Buisson dans ses Années érotiques lorsqu’il oppose les jeunes Teutons vainqueurs aux Gaulois prisonniers et vaincus.
Cet univers hétérosexuel prolonge ce genre de schémas racistes dans sa perception des relations supposées entre les homosexuels et l’« homme arabe ». Les pédés se détermineraient politiquement en raison du plaisir qu’ils éprouveraient à être sodomisés. Sans remonter jusqu’à Clemenceau et son propos concernant Lyautey et ses « couilles au cul[9] », il suffit de rappeler le manifeste du FHAR déjà cité[10]. Une illustration des lourdes ambiguïtés charriées par le discours militant de cette période post-68 dont Todd Shepard a effectué un décryptage rigoureux. Des propos qui dessinent certes un autre profil de l’« homme arabe ». Ils le font passer de violeur violent à révolutionnaire viril. Cette nouvelle identité n’est guère plus respectueuse de son autonomie humaine que les éructations ouvertement racistes. Il n’est admis comme partenaire qu’afin de soulager sa frustration sexuelle supposée en offrant du plaisir au gay. Il n’est pas envisagé qu’il puisse être homosexuel et autonome dans son plaisir. Une figure que l’on trouvera plus tard, par exemple chez Patrick Cardon dans Le Grand Écart ou tous les garçons s’appellent Ali sous-titré Vignettes coloniales[11]. L’auteur évoque des situations datant de la fin des années 1970, mais l’ouvrage est paru dans les années 2000.
Dans l’inévitable controverse qui a opposé sur ces questions Guy Hocquenghem et Renaud Camus en dépit, ou plutôt en raison, de leur commune homosexualité, la place de l’« homme arabe » – que Camus désigne pudiquement sous le terme de Méditerranéen – est centrale. Le premier recherche un rapport sexuel avec lui alors que le second l’écarte. Ces affrontements idéologiques peuvent se suivre entre La Beauté du métis célébrée par Hocqueghem[12] et les Garçons de passe de Jean-Luc Hennig[13], face au Tricks de Renaud Camus[14] qui développe une conception racialisée de la baise en territoires bonobos.
Alors que Renaud Camus se situait, à l’époque, dans la mouvance du CERES de Jean-Pierre Chevènement, sa perception de l’homosexualité portait en germe la dérive qui l’entraînera vers une droite identitaire et les délires vertigineux du « grand remplacement ». Elle montre aussi combien la notion d’une « communauté » gay est vide de sens. Très vite, derrière la relation à l’« homme arabe » peut surgir l’accusation d’antisémitisme. Ce fut le cas pour Renaud Camus. Ce fut aussi le cas pour Jean Genet. Ses prises de position en faveur des Palestiniens, puis la parution de Un captif amoureux[15], ont été mises au compte de son goût pour l’« homme arabe ».
La vie sexuelle des bonobos est moins linéaire que celle des hétérosexuels. Elle se déplace plus souvent sur plusieurs champs qui n’interfèrent pas les uns avec les autres. La prise de risque, qu’elle soit sanitaire ou qu’elle concerne d’autres aspects de l’intégrité physique, est inhérente à ces comportements. Je me refuse à en dresser une typologie qui ne serait qu’une forme de normalisation. Je regrette que la revendication du « mariage pour tous » ait contribué à masquer cette diversité, voire à la nier, comme si l’institution familiale constituait, ainsi que ne cessent de l’affirmer les forces religieuses et conservatrices, le pilier majeur de nos sociétés. Ce n’est pas un hasard si, dans ses exhortations de meetings, François Fillon lançait des hymnes à la famille comme socle social.
Certains des philosophes de l’Antiquité ont, à l’inverse, cherché à s’extraire de ce carcan initial. Bien avant Gide et son trop célèbre « Famille je vous hais ! Foyers clos ; portes refermées ; possession jalouse du bonheur[16] », ils ont tenu la famille pour un obstacle, dans la recherche de la sagesse (pour les stoïciens), du plaisir (pour Épicure et les siens) ou même, chez Platon, pour l’équilibre politique de la Cité. Le regard que, film après film, Xavier Dolan porte aujourd’hui sur la famille prolonge cette analyse. Sans oublier la scène, déjà évoquée[17], du petit pot de beurre dans Le Dernier Tango à Paris. Bernardo Bertolucci, le réalisateur, a précisé son intention en accompagnant cette pénétration anale d’un monologue, marmonné par Marlon Brando, contre la famille, « cette sainte institution destinée à engendrer la vertu chez les sauvages[18]». La sociologue de l’EHESS, Juliette Rennes, ajoute : « Des historiens ou des anthropologues montrent, à travers l’étude d’une diversité de sociétés, que la famille hétérosexuelle occidentale contemporaine formée de deux parents et de leurs enfants biologiques n’est en rien un modèle universel de filiation et de parenté[19]. »
Pourtant, tout se passe comme si les gays, fascinés par leur nouvelle visibilité, enivrés par la puissance politico-médiatique de leur groupe de pression, obnubilés par leur revendication d’égalité face à la loi, oubliaient que la démarche sociale, médicale, psychanalytique qui les jauge et les juge s’effectue à partir de la norme familiale qu’ils s’efforcent de singer. Que ne s’avouent-ils bonobos ? Pour ajouter mon grain de sel à la remarque salée de Jean-Marie Le Pen sur l’homosexualité et compléter le sermon prononcé devant François Fillon à La Réunion, je suggère à la fervente catholique Marion Maréchal de citer à son grand-père ce précepte biblique : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? Il ne sert plus qu’à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes. » (Matthieu 5, 13). Je ne me permettrais pas de préciser : foulé aux pieds par les hommes « véritables ». Paix aux mânes d’Edmonde Charles-Roux.
Notes :
[1] Histoire de la violence, Seuil, 2016.
[2] Op. cit. Voir le post 123 https://blogaylavie.com/2018/02/20/123-libre-a-chacun-de-lire-comme-il-veut-1-2/
[3] Le quotidien régional, Le Courrier picard, publie le 2 février 2014 une enquête signée Fabrice Julien et Gaël Rivallain centrée sur le décalage entre le livre et la réalité familiale. « À Hallencourt, écrivent-ils, la famille d’Eddy/Édouard a cru s’étrangler à la lecture du récit. (…) Nous ne sommes ni racistes ni homophobes, insiste sa sœur Mélanie. Nous n’avons découvert l’homosexualité d’Eddy qu’il y a deux ou trois ans et franchement, dans la famille, tout le monde s’en moque. » François Caviglioli note de son côté : « Dans le village, le livre circule, les gens se le prêtent, avides de le parcourir, pressés de le détester. Comme les comtesses parisiennes qui se faisaient lire La Recherche de Proust en tremblant, ils craignent de se reconnaître », in Le Nouvel Observateur, 6 mars 2014. Quant à Pierre-Luc Brisson, il estime : « La véracité, l’exactitude de chacune des scènes décrites a-t-elle la moindre importance puisque le message politique porté par ce roman, lui, demeure intact et puissant ? Et quand bien même y aurait-il une certaine enflure littéraire et une amplification des problèmes et des réalités dépeintes par l’auteur, on saura lui pardonner puisqu’il n’aura fait que souligner avec encore plus d’acuité son propos », in blog Voir.ca, 10 août 2014.
[4] La Rage, Nous, 2014.
[5] Des événements qui ont inspiré La Ciociara à Alberto Moravia (disponible en format de poche chez J’ai lu), dont Vittorio De Sica a réalisé une adaptation cinématographique.
[-] Mâle décolonisation, l’« homme arabe » et la France, de l’indépendance algérienne à la révolution iranienne, Bibliothèque historique Payot, 2017.
[7] Ce qui permet de rappeler aux twittos de #balancetonporc et autre #metoo que les débats sur les violences faites aux femmes ne datent pas de 2017.
[8] New York Times, 23 janvier 2014. Cf. aussi son ouvrage Le suicide français, Albin Michel, 2014.
[9] Voir le post 111, Testostérone https://blogaylavie.com/2018/01/30/111-testosterone/
[10] Front homosexuel d’action révolutionnaire :
« Nous sommes plus de 343 salopes
Nous nous sommes fait enculer par des Arabes
Nous en sommes fiers et nous recommencerons. »
Cf. le post 53, Marseille mérite un homme https://blogaylavie.com/2017/11/18/53-marseille-merite-un-homme/
[11] Orizons 2009. Patrick Cardon est un militant LGBT actif. Il avait présenté une candidature homosexuelle à Aix-en-Provence lors des élections législatives de 1981 et a créé, en 1989, l’association culturelle GayKitchCamp, qui mène un travail d’édition de textes anciens rares autour du thème de l’homosexualité. Il est l’auteur de Discours littéraires et scientifiques fin de siècle. La discussion sur les homosexualités dans la revue Archives d’anthropologie criminelle du Dr Lacassagne (1886-1914). Autour de Marc-André Raffalovitch, Orizons, 2008.
[12] La beauté du métis – réflexion d’un francophobe, Ramsay, 1979.
[13] Editions libres Hallier, 1978.
[14] Mazarine, 1978 ; Préface de Roland Barthes.
[15] Gallimard, 1986. Voir aussi Jean Genet et son lecteur : Autour de la réception critique de Journal du voleur et Un captif amoureux, Presses universitaires de Saint-Étienne, 2010 ; ouvrage collectif dirigé par Agnès Fontvieille-Cordani et Dominique Carlat, le dossier de presse est établi et annoté par Hélène Baty-Delalande.
[16] Les Nourritures terrestres.
[17] Voir le post 19, Pénétrant et pénétré, https://blogaylavie.com/2017/10/27/19-penetrant-et-penetre/
[18] La critique anglo-saxonne comme Todd Shepard dans Mâle décolonisation y voient en outre une illustration symbolique de la thématique post-coloniale d’une France se faisant enculer par l’« homme arabe ». Dans le film, Jeanne, incarnée par Maria Schneider, est la fille d’un colonel tué en Algérie. C’est, à travers elle, la bourgeoisie et l’armée française qui sont humiliées par cette sodomie. À la manière dont les partisans de l’Algérie française accusaient Charles de Gaulle de s’être fait pénétrer par les Arabes. Cette dévirilisation de l’homme français avait déjà été constatée après la débâcle et l’Occupation et elle avait conduit à la revanche machiste de la tonte des femmes à la Libération. Par un phénomène de reproduction mimétique, les militants d’extrême droite cherchaient, en 1968, à couper les cheveux des « minets » gauchistes. Le discours d’Eric Zemmour dénonçant une féminisation de la société française n’est qu’un écho contemporain de ces rengaines.
[19] Les Inrocks, op. cit.